Ne plus posséder, c’est ça la liberté ? 🪛 | Guillaume Demeilliers, Loomi app
Du matériel pour le sport, oui, mais sobrement !
À 25 ans, Guillaume Demeilliers aurait pu suivre un parcours classique d’ingénieur dans les énergies renouvelables. Mais une question l’obsède : pourquoi continuer à produire, même proprement, si on peut simplement consommer moins ?
Après un premier poste dans le développement de centrales solaires en milieu agricole, il décide de passer à l’action. « Je me suis demandé comment on pouvait éviter d’émettre, plutôt que de produire proprement. » C’est ce raisonnement qui le pousse à fonder Loomi, une plateforme de location et de prêt de matériel outdoor entre particuliers.
Le pitch est simple : nous achetons tous du matériel de randonnée, de ski ou de camping que nous utilisons quelques jours par an. Le reste du temps, il dort dans nos placards. Avec Loomi, ce matériel devient utile à d’autres, sans produire davantage.
La plateforme fonctionne sur le modèle des marketplaces : carte interactive, profils vérifiés, remise en main propre, état des lieux digital, et système de caution. Elle met en relation des particuliers qui souhaitent louer ou prêter leur équipement de sport outdoor.
👉 Une tente à 300 € peut ainsi se louer 30 € le week-end.
Et ça marche : la communauté se structure, notamment autour d’un public jeune (25-35 ans), urbain, souvent parisien et en quête d’évasion.
Ce que défend Guillaume, c’est une remise en cause plus large : passer d’un modèle basé sur la propriété à un modèle basé sur l’usage.
« La vraie sobriété, ce n’est pas juste baisser le chauffage, c’est se demander si on a vraiment besoin de posséder. »
Loomi s’inscrit donc pleinement dans l’économie de la fonctionnalité, ce modèle où l’on privilégie le service rendu à la possession. Mais les obstacles restent nombreux : attachement émotionnel aux objets, peur de prêter, manque de confiance entre particuliers… et parfois même, un attachement culturel profond à la propriété.
Pour toucher son public, Loomi ne se contente pas d’une application. Guillaume développe un véritable média :
- 60 000 abonnés sur Instagram
- Des itinéraires partagés pour des aventures en train
- Des week-ends communautaires gratuits pour découvrir la montagne
Ces événements affichent complet en quelques minutes. L’objectif : rendre les pratiques outdoor accessibles, locales, et bas-carbone. En partenariat avec des marques comme Salomon ou Picture, Loomi crée une nouvelle culture de l’aventure.
Face aux pics de demande (par exemple le week-end du 15 août), Loomi a dû intégrer une offre professionnelle complémentaire : loueurs de skis, boutiques locales… Ce pivot montre que la location entre particuliers ne peut suffire à tout.
Mais l’ambition reste intacte : faire en sorte que louer soit plus simple, plus confortable, plus logique que d’acheter.
Guillaume l’affirme : « Je préfère louer un matériel technique à 30 € pour le week-end plutôt que de dépenser 300 € pour un usage ponctuel. »
Guillaume est lucide : si l’idée séduit, elle reste marginale. Même parmi les militants écolos, la location n’est pas un réflexe. Et les investisseurs suivent difficilement :
📉 En 2024, les levées de fonds dans l’impact ont chuté de 25 % par rapport à 2023.
Mais des signaux faibles émergent : Lucie Basch (ex-Too Good To Go) a lancé récemment une app de location généraliste, et la société évolue doucement vers des modèles partagés (co-living, espaces mutualisés…).
Guillaume ne cache pas la difficulté de concilier engagement écologique et viabilité économique.
Il rêve de congés menstruels, de semaines de 4 jours, d’un modèle d’entreprise réellement soutenable. Mais aujourd’hui, à 3 dans l’équipe, sans salaires stables, « on est encore loin du compte. »
Pour autant, Loomi est une entreprise à mission, fondée sur des valeurs fortes, et construite avec humilité.
« Si je devais donner un seul conseil à un entrepreneur : sois prêt à tout changer, tout le temps. »
Je cherche à comprendre les grands enjeux de la transition écologique, ce qui la freine, et ce qui pourrait l'accélérer, en passant par tous les grands silos de notre société : économie, agriculture, mobilité, culture, logement, énergie, politique, et bien d'autres sujets !